Comment l’entrepreneuriat des femmes transforme les économies locales au Bangladesh

Dhaka Women Chamber of Commerce and Industry
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Au Bangladesh, l’entrepreneuriat des femmes transforme les économies locales et remodèle les communautés, brisant ainsi les barrières ancestrales liées à l’inégalité entre les sexes. Depuis plus de 15 ans, la Chambre de commerce et d’industrie des femmes de Dhaka (DWCCI) est à l’avant-garde de cette transformation. Elle soutient des milliers de femmes entrepreneurs à travers le pays en leur proposant des formations, en défendant leurs intérêts politiques et en leur facilitant l’accès au financement. Cependant, des défis subsistent : en 2024, seulement 7 % des entreprises au Bangladesh sont détenues par des femmes, et moins de 6 % des femmes entrepreneurs ont accès au crédit formel, ce qui met en évidence des disparités structurelles persistantes.

Grâce au projet FAME, soutenu par  l’AFD, et mis en œuvre par un consortium composé de six partenaires dont le Geres en chef de file et la Chambre de commerce et d’industrie des femmes de Dhaka (DWCCI) au Bangladesh en tant que membre du Forum pour le développement des femmes d’Asie du Sud (SAWDF), ce mouvement prend un nouvel élan.   

Au cœur du projet se trouvent des organisations locales de la société civile (OSC) qui travaillent directement avec les femmes au niveau local. Des commerçantes et artisanes aux jeunes entrepreneuses et survivantes de violences sexistes, ces OSC aident les femmes à transformer leur résilience en leadership. En proposant des formations, du mentorat et des opportunités d’inclusion financière, FAME veille à ce que les entreprises dirigées par des femmes prospèrent dans des environnements sûrs, équitables et favorables, où chaque femme dispose des droits, des ressources et de la reconnaissance nécessaires pour diriger.

Autonomisation des femmes du marché grâce au leadership et à la dignité — CWCS

Dans les ruelles animées de Karwan Bazar, l’un des plus grands marchés traditionnels de Dhaka, les femmes vendeuses réécrivent leur histoire de résilience et d’indépendance.  Dans le cadre du projet FAME et grâce au Centre for Women and Children Studies (CWCS), les femmes qui travaillaient autrefois discrètement en marge du marché prennent désormais le contrôle de leurs activités et font entendre leur voix.

Dans le cadre du projet « Briser les barrières : programmes de leadership et autonomisation économique des femmes dans le commerce de marché », le CWCS a formé 50 femmes du marché, dont beaucoup sont veuves, mères célibataires ou survivantes de violences, au leadership, à la communication, à la gestion d’entreprise et aux droits des femmes. Le programme renforce non seulement leurs compétences pratiques en matière commerciale, mais leur donne également la confiance nécessaire pour revendiquer leur place dans un marché dominé par les hommes.

Des participantes telles qu’Ambia, vendeuse de feuilles de bétel, et Brishti, négociante en écailles de poisson, négocient désormais avec leurs clients, planifient leurs revenus et s’engagent auprès des comités du marché sans crainte ni hésitation. Elles ont également commencé à partager le pouvoir décisionnel au sein de leur foyer. Leur évolution a inspiré leur entourage, créant un effet boule de neige qui touche plus de 200 bénéficiaires indirects, dont des membres de leur famille et d’autres commerçants.

Ce qui distingue cette initiative, c’est qu’elle se concentre sur les femmes actives sur les marchés informels, un groupe souvent exclu des programmes d’entrepreneuriat traditionnels. En associant l’autonomisation économique au leadership et à la reconnaissance sociale, le CWCS aide non seulement les femmes à gagner leur vie, mais leur permet également de s’imposer comme des contributrices visibles et respectées au sein de leurs communautés. Ces femmes prouvent que l’autonomisation ne commence pas dans les couloirs politiques, mais dans le courage quotidien de celles qui choisissent de montrer , ; la voie.

Relancer les moyens de subsistance ruraux grâce à l’artisanat et aux compétences — ABALAMBAN

Dans les villages tranquilles du district de Gaibandha, un changement remarquable est en train de s’opérer. Dans le cadre du projet FAME, ABALAMBAN aide les artisanes rurales à redécouvrir leurs compétences et à les transformer en moyens de subsistance durables, grâce à son initiative «Autonomisation par les compétences, promotion de la diversité artisanale, amélioration des moyens de subsistance ».

Six groupes de productrices, regroupant 120 femmes, ont reçu une formation pratique au tissage du jute, au crochet, au macramé et à l’élevage. Ces sessions ont aidé les femmes à perfectionner leurs techniques tout en apprenant à fixer le prix de leurs produits, à gérer de petites entreprises et à entrer en contact avec des acheteurs. Les progrès sont tangibles : les groupes de crochet ont déjà commencé à honorer des commandes locales de poupées et de tapis artisanaux, tandis que les producteurs de jute vendent des chemins de table et des tapis tissés sur les marchés de quartier.

Pour beaucoup, c’est la première fois que leur savoir-faire artisanal se traduit par un revenu. Leurs gains contribuent désormais aux dépenses du ménage et à la scolarité des enfants, ce qui leur vaut un nouveau respect au sein de leur famille. La formation a également favorisé un solide soutien entre pairs : les groupes partagent du matériel, échangent des idées et prévoient de créer de petites coopératives pour augmenter la production.

Ce qui rend ce projet innovant, c’est qu’il combine la renaissance de l’artisanat, l’esprit d’entreprise et la mise en relation avec les marchés. En associant les compétences traditionnelles à un soutien au développement commercial, ABALAMBAN ouvre des perspectives aux femmes qui sont souvent exclues de l’emploi formel. Il reconnaît que l’entrepreneuriat durable dans les zones rurales du Bangladesh ne commence pas dans les usines, mais dans le rythme tranquille du travail artisanal qui véhicule à la fois la tradition et la fierté.

Renforcer la résilience et l’inclusion — PURNIMA

Dans le district de Jashore, PURNIMA aide les femmes et les personnes LGBTQIA+ à retrouver leur dignité et leurs moyens de subsistance grâce à son projet NIRAPOD (Nurturing Inclusion, Resilience, Advocacy, Protection, Opportunity, and Dignity) dans le cadre de l’initiative FAME. Le projet combine l’entrepreneuriat avec un soutien psychosocial et juridique — un modèle holistique qui aide les personnes marginalisées à retrouver leur confiance et leur indépendance.

Depuis le lancement du projet, PURNIMA a formé 150 participantes à la couture, à l’artisanat, à la transformation alimentaire et à la gestion de petites entreprises. Beaucoup ont déjà créé de petites entreprises, générant des revenus réguliers pour leurs familles. Au-delà de la formation aux moyens de subsistance, l’organisation a créé quatre espaces sécurisés et centres d’aide juridique, qui accueillent 120 personnes, où les victimes de violence et de discrimination bénéficient de conseils, d’une assistance juridique et d’orientations.

L’innovation du projet réside dans sa conception inclusive, qui combine l’autonomisation économique avec la protection et la défense des droits. En s’attaquant à la fois à la vulnérabilité financière et à la stigmatisation sociale, le NIRAPOD ouvre la voie à une participation égale des femmes et des personnes de divers genres à la vie économique. Le travail de PURNIMA montre que l’entrepreneuriat peut être un vecteur non seulement de génération de revenus, mais aussi de dignité, de solidarité et de changement systémique, en autonomisant ceux qui ont longtemps été exclus des opportunités et de la reconnaissance.

Conclusion

Le projet FAME ouvre la voie aux femmes et aux minorités de genre pour qu’elles puissent diriger, gagner leur vie et inspirer leur communauté. Grâce aux conseils de la Chambre de commerce et d’industrie des femmes de Dhaka et à l’engagement des organisations partenaires de la société civile, de plus en plus de femmes acquièrent les compétences et la confiance nécessaires pour façonner leur propre avenir. Chaque histoire reflète un objectif commun : construire une société plus inclusive et plus équitable où le leadership et l’esprit d’entreprise des femmes font partie de la vie quotidienne au Bangladesh.

Naaz Farhana, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie des femmes de Dhaka (DWCCI) et vice-présidente de SAWDF Bangladesh

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