[Afrique de l’Ouest, 11 mars 2025] – Les femmes ne sont pas de simples bénéficiaires des politiques économiques ; elles en sont les actrices, les bâtisseuses et les gardiennes de nos économies locales. Il est temps qu’elles soient reconnues comme telles.
C’est par ces mots forts qu’Omolara Balogun, Chef du département de l’Influence des politiques et du plaidoyer à l’Institut de la Société Civile de l’Afrique de l’Ouest (WACSI), a ouvert officiellement le lancement virtuel du projet FAME (Féminisme, Action et Mobilisation pour une Économie Inclusive), le 11 mars 2025.
Ce lancement marque un tournant décisif en faveur des droits économiques des femmes en Afrique de l’Ouest, et plus largement sur le continent africain.
L’événement a réuni plus de soixante-quinze (75) participantes et participants, parmi lesquels des leaders féministes, des organisations communautaires, des acteurs de la société civile ainsi que des partenaires au développement, tous engagés à lutter contre l’exclusion systémique et la marginalisation économique des femmes dans la région.
Soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD), le projet FAME, d’une durée de quatre ans, sera mis en œuvre dans dix pays — Maroc, Bénin, Togo, Guinée, Sri Lanka, Pakistan, Bangladesh, Equateur, Bolivie, République Dominicaine — avec pour objectif de renforcer les capacités des organisations féminines locales et des mouvements féministes à la base.
« Ce programme constitue une réponse politique à des décennies de marginalisation systémique », a déclaré Mme Balogun.
« Les femmes africaines n’attendent pas qu’on les autonomise — elles sont déjà en position de leadership. Ce dont elles ont besoin, c’est de solidarité, de ressources et d’un espace pour prospérer », a-t-elle ajouté.
Ses propos ont souligné l’urgence de considérer les femmes non plus comme de simples bénéficiaires, mais comme des actrices centrales de la transformation économique.
Le projet repose sur une vision féministe et transformatrice, visant à démanteler les obstacles persistants que constituent le travail de soins non rémunéré, l’accès limité à la terre, au financement et aux marchés, ainsi que les normes patriarcales qui restreignent l’autonomie des femmes.
Il ambitionne de renforcer les capacités et le leadership des femmes, d’amplifier leurs voix et de plaider en faveur de politiques économiques inclusives et sensibles au genre, fondées sur leurs réalités vécues.
Alnoudjim Tograbaye, Assistant de programme à WACSI, a souligné : « Nous ne voulons pas seulement que les femmes soient visibles dans l’économie, nous voulons qu’elles y soient puissantes. Et cela commence par un appui direct à leurs organisations, à leurs récits, et à leurs luttes quotidiennes contre l’injustice systémique. »
Le projet FAME s’articule autour de quatre piliers clés : l’octroi de financements directs et flexibles aux organisations féministes et de défense des droits des femmes ; la création d’espaces de soin, de réflexion et de solidarité féministe ; l’amplification des savoirs féministes africains et de la documentation des expériences vécues ; la construction d’une voix collective à travers un plaidoyer stratégique à l’échelle régionale.
Cette approche multisectorielle et intersectionnelle témoigne d’un engagement profond en faveur de la co-construction et de l’appropriation communautaire.
Fatoumata Kombadouno, Chargée du projet FAME au sein de WACSI, a insisté sur ce principe fondamental,
« Ce projet n’a de sens que s’il est co-construit avec celles et ceux qui vivent l’injustice au quotidien. Il n’est pas là pour imposer un modèle — il est là pour soutenir, écouter et valoriser ce qui existe déjà et a longtemps été ignoré. »
FAME accorde une attention particulière aux personnes souvent marginalisées au sein même des mouvements : les femmes rurales, les femmes en situation de handicap, les personnes LGBTQIA+, les femmes migrantes et les travailleuses du secteur informel.
Des voix venues de toute l’Afrique de l’Ouest ont résonné tout au long de l’événement de lancement, portées par la passion et la détermination des militantes féministes.
Le projet est porté un consortium composé de CARE France, CONLACTRAHO, et le South Asia Women Development Forum (SAWDF) avec le Geres comme chef de file, le projet FAME combine plaidoyer, renforcement de capacités, mobilisation communautaire et financement direct, en vue d’un changement systémique et durable.