Cotonou, Bénin & Lomé, Togo – Juillet 2025
Une récente mission de terrain menée par le West Africa Civil Society Institute (WACSI) a mis en évidence à la fois le potentiel et les besoins urgents des mouvements féministes au Bénin et au Togo, alors que la région s’engage résolument vers des transitions économiques inclusives et écologiques.
Du 20 au 25 juillet, les équipes du WACSI ont rencontré des organisations de la société civile (OSC) féministes dans les deux pays afin d’évaluer leurs forces, d’identifier leurs faiblesses et de définir des pistes pour un appui institutionnel renforcé. Cet exercice s’inscrit dans le cadre du projet Féministe Actions et Mobilisation pour une Économie inclusive (FAME), une initiative triennale financée par l’Agence Française de Développement (AFD) visant à promouvoir le leadership féministe dans la transformation économique inclusive en Afrique de l’Ouest.
Au Togo, les organisatrices féministes ont montré comment leur plaidoyer local a déjà transformé la vie quotidienne. « Dans le domaine de l’assainissement, nous avons mené un plaidoyer pour que certaines municipalités disposent de sites de gestion des déchets », a expliqué Blandine Sintondji Yaya, coordinatrice nationale. Ces efforts, bien que locaux, illustrent la manière dont les groupes féministes répondent à des besoins urgents tout en impulsant un changement systémique.
Au Bénin, les organisations dirigées par des femmes ont mis en avant leurs actions en faveur de la paix, de la sécurité et de la redevabilité communautaire, démontrant que le leadership féministe peut s’imposer dans des secteurs traditionnellement considérés comme masculins.
Si les réussites locales sont frappantes, l’évaluation du WACSI a également révélé des faiblesses structurelles susceptibles de freiner l’impact à long terme. Dans les deux pays, les organisations sont invitées à renforcer leur planification stratégique, à améliorer leurs systèmes de suivi-évaluation, et à instaurer des mécanismes de participation plus inclusifs au sein de leurs réseaux.
La durabilité environnementale a été identifiée comme un élément crucial encore négligé. « Nous avons constaté que l’aspect environnemental est souvent occulté, alors même que nous subissons tous les effets du changement climatique », a noté Ulrich Sourou, un leader féministe béninois. L’intégration des priorités écologiques dans le plaidoyer économique féministe a été jugée essentielle pour un changement durable.
La mission du WACSI a souligné que le renforcement de la gouvernance, des structures de redevabilité et de la gestion financière sera déterminant pour que ces groupes ne soient pas seulement visibles dans le plaidoyer, mais également résilients dans la pratique. Parmi les recommandations figurent l’affinement des propositions et des budgets pour plus de clarté stratégique, l’investissement dans les mécanismes de sauvegarde et de conformité, ainsi que l’élaboration de plans conjoints de mise en œuvre reflétant la diversité des voix au sein des réseaux féministes.
Les visites de terrain ont permis de recueillir des éléments stratégiques qui orienteront la prochaine phase du projet FAME dans les zones d’intervention. Cette phase visera à renforcer les capacités et à mobiliser des financements en faveur des mouvements féministes engagés dans la promotion d’une réforme économique inclusive.
À mesure que le projet progresse, l’attention demeure centrée sur la capacité des organisations partenaires à conjuguer leur légitimité communautaire avec une solidité institutionnelle, afin d’influencer durablement les politiques économiques aux niveaux national et international.
