Trois pays, une même force : soutenir l’entrepreneuriat des femmes pour une économie plus juste et durable 

Geres
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Chaque jour, aux quatre coins du monde, des femmes se lèvent, créent, innovent et transforment leurs communautés.  À l’occasion de la Journée mondiale de l’entrepreneuriat des femmes, nous vous invitons à découvrir quelques-unes de ces actrices du changement soutenues par le programme FAME. Avec le soutien des organisations féministes qui les accompagnent,  ces femmes franchissent de nombreux obstacles  pour contribuer pleinement au développement de leur communauté, tout en proposant des modèles économiques plus inclusifs et respectueux de l’environnement. Ensemble, embarquons pour un voyage entre le Bénin, le Togo et le Maroc, où le Geres intervient dans le cadre du projet FAME, à la rencontre de celles qui façonnent l’avenir.

Financé par l’Agence française de développement, le projet FAME : Féminismes, actions et mobilisations pour une économie inclusive est porté par le Geres en consortium avec CARE, Conlactraho, Empow’Her, SAWDF et WACSI. Dans 10 pays et durant 4 ans, le projet  apportera un appui technique et financier des organisations féministes pour renforcer leur structuration et l’inclusion économique des femmes. 

Au Bénin, l’OSC Women Hope accompagne et renforce les activités de 250 femmes issues de 10 groupements féminins, engagées dans la transformation du soja en fromage, la production de gari (farine) à partir du manioc, la fabrication de savon solide et la production de sel. Cet appui essentiel génère des changements notables dans la vie de ces femmes, notamment une amélioration progressive de leurs revenus.

Parmi elles, Madame KPLAKA Pauline témoigne des bénéfices du projet FEFEA (Femmes Entrepreneures, Femmes Économiquement Autonomes), mis en œuvre par l’OSC Women Hope et financé par le programme FAME. Elle nous confie :

 « Je suis divorcée, mère de cinq enfants et membre du groupement de femmes NOUWOUIWAGNON dans le village d’Amouléhoué. Avant de rejoindre le projet FEFEA financé par FAME, je menais de petites activités agricoles, mais mes revenus étaient instables et insuffisants pour couvrir les besoins de ma famille.

Grâce au projet, j’ai pu intégrer le groupement de femmes de mon village et bénéficier d’une formation sur la transformation du manioc en gari. Cette formation a été une véritable révélation pour moi. J’ai appris à produire un gari de qualité, à le conserver et à le commercialiser sur le marché local.

Aujourd’hui, cette activité me procure des revenus réguliers qui, bien que modestes, me permettent de subvenir aux besoins de mes enfants. Au sein de notre groupement, nous nous soutenons mutuellement, partageons nos expériences et améliorons nos techniques de production. Je suis fière de voir que notre travail est reconnu dans le village et que d’autres femmes s’y intéressent. »

Au fil de notre rencontre NOUKPLIGUIDI Marguerette, présidente du groupement Aidéhou de Ahouandji dans l’arrondissement d’Avlékété à Ouidah, partage également son expérience :

« Avant le démarrage du projet FEFEA, je n’avais aucune connaissance des techniques nécessaires pour mettre en place une activité génératrice de revenus (AGR), et je ne faisais partie d’aucun groupement de femmes pour mener des activités collectives. Je suis vraiment émue et très heureuse d’affirmer que la mise en œuvre de ce projet a provoqué de profonds changements en moi en peu de temps.

Aujourd’hui, j’ai acquis de nombreuses compétences grâce aux séances de renforcement de capacités sur les approches des associations villageoises d’épargne et de crédit ( AVEC)  et l’approche “école d’entrepreneuriat agricole” (farmer business school),  organisées au sein de notre groupement. En tant que présidente du groupement Aidéhou d’Ahouandji, je m’engage à jouer pleinement mon rôle de leader et à encourager les membres à utiliser à bon escient les équipements reçus grâce au projet afin de renforcer progressivement notre capital .Je remercie infiniment l’AFD, Geres et Women Hope pour leurs différents accompagnements. »

Transformation du soja en fromage à Dékouènou le 09/09/2025

Formation sur l’apport nutritionnel du savon à la peau dans le groupement de femmes de Houéton

Au Togo, le projet FAME soutient le  centre Aklala Batik, qui œuvre à renforcer l’autonomie des jeunes filles vulnérables grâce à des formations en teinture et en couture. Au sein du centre, 16 jeunes filles sont hébergées. Elles bénéficient d’un accompagnement psychosocial, de matériel pédagogique et d’outils professionnels pour développer leurs compétences et accéder à une activité génératrice de revenus.

 « Aujourd’hui, je crée, je me sens forte. Cette formation est une chance inespérée », confie l’une des participantes.

Chaque tissu batik réalisé dans les ateliers du centre dépasse la simple production artisanale : il incarne la résilience, le courage et la transformation. Une victoire quotidienne contre la précarité dans une région où l’accès à l’emploi demeure un défi majeur pour les jeunes femmes

Pendant un an, les apprenantes se forment à la couture, un savoir-faire exigeant qui leur ouvre de nouvelles perspectives d’avenir. L’entrepreunariat devient alors un véritable levier d’émancipation. Le projet FAME leur permet aussi d’intégrer les enjeux de protection de l’environnement et de la santé dans leurs activités, en passant à l’utilisation de foyers améliorés pour réduire l’utilisation de bois de chauffe et de mettre en place un système de traitement des eaux usées pour limiter la pollution. 

Dans la continuité des efforts menés, l’autre projet vise à renforcer les compétences des femmes en matière d’activités génératrices de revenus et d’entrepreneuriat au sein de l’OSC Racine Féminine. À travers ce projet, deux SCOOPS (Sociétés Coopératives Simplifiées) ont été formées en gestion des AGR et équipées en appareils de transformation (machine à triturer les noix, machine à râper le manioc et accessoires), ainsi qu’en foyers améliorés.  Des kiosques (appâtâmes) ont été également construits pour leur permettre de travailler à l’abri.  Le programme FAME accompagne et renforce cette initiative.

Les femmes membres de ces Sociétés Coopératives Simplifiées vivent dans une localité du littoral togolais, située dans la région maritime, l’une des plus pauvres du pays en raison de l’érosion côtière permanente qui détruit les sols et les habitats. Par manque de terres cultivables – et du fait que les femmes n’y ont traditionnellement pas accès – elles se consacrent à de petites activités de transformation artisanale telles que la transformation du manioc, des noix de coco ou encore de la tomate, des cultures plus résistantes dans ce contexte difficile.

Compte tenu de cette précarité, les femmes de ces localités, et plus particulièrement celles de la commune de Tanou, sont connues comme « les femmes portefaix », qu’elles soient jeunes filles ou mères, au grand marché d’Adawlato à Lomé. Elles s’y rendent en période de grande soudure, lorsque les vivres sont épuisés. Faute de lieux d’hébergement, elles dorment dans les hangars du marché, ce qui les expose fortement aux risques de violences, notamment sexuelles.

Avec l’appui du projet FAME, elles ont pu renforcer leur résilience grâce à des formations adaptées à leurs petites activités, à des subventions en matériel de production, ainsi qu’au développement de leurs SCOOPS, aujourd’hui officiellement reconnues. Ces avancées constituent un atout essentiel pour l’autonomisation et l’émergence socio-économique de ces femmes.

Au Maroc, d’autres femmes transforment leur quotidien et leur environnement  grâce à leur engagement : 

L’association La voix de la femme Amazighe met en œuvre l’initiative « Coopératives féminines amazighes : renforcement de l’intégration socio-économique dans la Vallée du Ziz », à Errachidia. L’objectif est de renforcer les compétences et l’autonomie économique des femmes membres de coopératives rurales amazighes.

Entre mars et août 2025, vingt femmes issues de différentes coopératives ont bénéficié d’un cycle de formation en deux étapes : une session sur la gestion administrative et financière, puis une session sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Ces formations leur ont permis d’améliorer la gestion de leurs structures, de comprendre les bases de la digitalisation et de préparer la mise en place de stratégies de commercialisation en ligne.

Le projet a également favorisé la création d’un réseau local de coopération et de solidarité entre les femmes, renforçant la confiance, l’entraide et la visibilité de leurs produits. Au total : 20 femmes formées directement, une trentaine touchées indirectement, des business plans en préparation, et une forte motivation pour poursuivre leur engagement vers l’e-commerce et la certification écologique (ONSSA).

Ce projet innovant permet à des femmes amazighes rurales, souvent éloignées des circuits économiques classiques, de participer pleinement à la transition numérique et à la dynamique économique locale.

Parallèlement, une autre initiative mise en œuvre au Maroc contribue à promouvoir l’autonomisation des femmes  par l’association  Ennakhil :

“À titre personnel, cette initiative m’a apporté des connaissances essentielles utiles au quotidien et une forte impulsion pour sortir de l’isolement et passer à l’action. “

Zineb El Asri, secrétaire de l’Association Tamghart Noudrare à Asni, nous raconte les changements apportés par ces formations, qui permettent aux femmes de gagner en confiance en elles et d’acquérir une compréhension pratique de l’autonomisation économique.

J’ai commencé à participer à la série de formations depuis le 3 mars, au siège de l’Association Ennakhil et dans la zone d’Asni, en partenariat avec l’Association Tifawine pour le Développement social. Tout au long de ce parcours, mon équipe et moi avons gagné en confiance en soi et acquis une compréhension pratique de l’autonomisation économique des femmes. Nous avons appris les étapes de création d’un projet générateur de revenus, ainsi que la manière d’identifier les défis qui entravent et de proposer des solutions réalistes pour les surmonter.

Nous avons travaillé sur la formulation de l’idée de projet et son choix en fonction des spécificités du territoire, réalisé une étude de marché préliminaire et évalué la rentabilité potentielle. Nous avons exploré différentes options de financement : auto-financement, microcrédit et programmes de soutien. »

 J’ai aussi observé un changement net chez les femmes de la région : participation plus soutenue, engouement pour le lancement d’idées de projets individuels et collectifs, et prise de conscience de la valeur de cette initiative au sein des familles et de la communauté. Malgré les défis, les dernières sessions tenues à l’Association Ennakhil m’ont fourni des éclairages précis sur le projet, ses risques et sa gestion. Je recommande vivement de poursuivre et d’élargir ces initiatives afin d’atteindre davantage de femmes en milieu rural. Elles ont grandement besoin de ce type d’accompagnement et d’encouragement pour lancer des projets simples et réalistes dans leur environnement local. Je remercie tous les encadrants pour la qualité des informations fournies et le soutien continu.”

Un autre témoignage apparaît dans la vidéo de Rokaya, qui nous raconte qu’elle participe à la formation avec d’autres femmes de la province pour construire leurs projets. Elle explique que cette opportunité les aide à reprendre leur vie après le séisme, dans un contexte où ses enfants ont besoin de soutien.

Selon elle, cette formation leur permet de s’intégrer sur le marché du travail, de devenir plus indépendantes et de contribuer à la société. Elle souligne également que cela renforce la coopération au sein de la région Al Haouz.

En agissant sur l’accès à l’information, aux formations, aux équipements et  aux ressources économiques, mais aussi sur les stéréotypes de genre, ces barrières  qui limitent l’entreprenariat des femmes,  les organisations soutenues par FAME apportent de véritables changements sur leurs territoires. Elles montrent que lorsqu’elles sont outillées comme les hommes, les femmes qui entreprennent peuvent apporter des solutions aux défis de leur communauté, contribuant à des sociétés plus justes, résilientes et durables, libérées des violences et des inégalités basées sur le genre. 

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